Ici, un épais édredon de neige ensevelissait le sentier et les feuilles, le ruisseau et les prés, l'herbe grise.
Ce matin elles ont éclos, enveloppées d'un peu de nuit, leurs robes chiffonnées
Primevères frileuses au cœur de lumière...
Tussilage pressé à l'impatiente corolle
Le ruisseau éclabousse des étoiles d'eau,
Voici les fous désordres de la mésange et du pinson.
C'était en avril dernier au lac de La Roche-de-Rame.
Le printemps 2020 au lac, nous ne le verrons pas... ou seulement sur quelques photos.
Prenez soin de vous et de vos proches...
Sylvie Damagnez
En cliquant sur la photo vous apprendrez beaucoup de choses sur la forge actuellement en réfection !
Voici, ci-dessous des objets trouvés lors de la réhabilitation de la forge. Ils témoignent de l'activité de la forge avant l'inondation de 1856, dûe au débordement du torrent de Bouchouze, sur lequel une dérivation permettait d'utiliser la forge hydraulique pour faire frapper le martinet. Nous ne les avons pas tous identifier et comptons sur vous !
Mouton à planche
Marteau du martinet et enclume
Début de rénovation en 2019
Une came
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Première forge sous rocher erratique
Intérieur de cette forge sous rocher
Le marteau du martinet en gros plan
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Voici le bureau depuis l'AG du 20novembre 2021
Président :
Trésorier : Philippe PERRIN
Secrétaire :
Inauguration de la forge et du four de La Fare
30 novembre 2019
Texte de Sylvie Damagnez
Mestié vau barounié
(Métier vaut baronnie, in Calendau (Calendal) de Frédéric Mistral, 1887)
Il y avait le marteau sur l'enclume, métallique, rythmé. Il y avait les enfants qui jouaient sur le pré et les hommes qui discutaient assis sur le banc pendant que le forgeron épointait un « piochon » ou que le maréchal ferrait le cheval. En 1912, un ferrage de quatre pieds coûte 48 sous. Ils attendent parfois longtemps… mais qu’importe ils ont tellement de choses à se raconter !
Et il y avait les femmes au lavoir tout proche... Chantaient-elles ? Ou bien se lamentaient-elles sur l’eau qui gelait les mains…
À l’égal du meunier, ce mécanicien médiéval qu’est le forgeron, fait partie de la petite élite paysanne. Comme le moulin et la taverne, la forge est un lieu où l’on se retrouve.
Et au commencement, il y a ce texte trouvé dans le journal du Père Pascallon, écrit en 1848 : « Le sieur Jean Baptiste DUC du moulin de la Fare vient aussi de faire construire une forge où il fait fabriquer des clous de toutes les dimensions. C’est au moyen de l’eau qu’il fait aller le soufflet de la forge. » Derrière la porte qui s'est à jamais refermée un jour sur un royaume, celui des Touba-Caïn, Odin, Héphaïstos, Vulcain, les Dieux de la forge et du feu, la ruine vivait ses derniers instants avec tous les souvenirs à l'intérieur, les Jean-Baptiste Bouvet, maréchal-ferrant, Mathieu Falque, maréchal-ferrant, Jean-Louis Eme, forgeron, Hippolyte Cornand, forgeron, Mathieu Kalis, cloutier, Éloi Eme, forgeron et d'autres qui se sont succédé de 1824 au milieu du XXe siècle… En 1856, le torrent de Bouchouse sort de son lit et envahit la forge de limon et de sable. Au cours du déblaiement effectué avant les récents travaux, les membres de l’association ont retrouvé des restes de ce qui avait été probablement un martinet. La forge transforme alors son activité en fabriquant des clous et du petit matériel agricole, socs de charrues, pioches, lames d’araire.
La forge de La Fare arrête son activité en 1940. « Un jour, Madame Sarde, la propriétaire de la forge, vient chez moi pour m’annoncer qu’elle nous donnait le soufflet qui avait été sauvé de l’inondation ! Maurice et moi, on n’a pas réfléchi, on a tout laissé pour aller le chercher ! » Raconte Colette Duc. Et l’association Patrimoine a financé la restauration du soufflet dont le cuir a été remplacé entièrement par Philippe Samson.
Il y a quelques années la municipalité achète ce bien avec la volonté de réhabiliter les bâtiments témoins de l’histoire rurale du village, tels qu’ils existaient au XIXe siècle. Le dossier sera confié au conseiller municipal Jean-François Albrand qui va occuper son mandat à mener à bien sa mission avec passion, notamment dans la recherche de financements. Jean-François devient « maître d’œuvre » du projet en quelque sorte.
Les deux bâtiments, four banal et forge, ont été restaurés à l’identique, avec une charpente totalement refaite, une couverture en ardoises traditionnelles, ainsi que l’âtre et la cheminée nécessaires au forgeron. L’intérieur est agrémenté d’outils anciens. Les bois de charpente et les maçonneries détériorées ont été triés et évacués du chantier. Les travaux ont été réalisés « à l’ancienne », les linteaux sont en vieux bois, les enduits intérieurs et extérieurs laissent apparaître les pierres, la cheminée et la hotte sont restaurées dans le respect de ce petit patrimoine qu’est la forge. La voûte du four, la hotte et la souche de la cheminée ont nécessité une restauration partielle. Ces travaux sont l’œuvre de Nicolas Sol, Artisan murailler de L’Argentière-La Bessée.
Le village dispose ainsi d’un nouveau four à pain, qui contribuera à agrémenter les fêtes traditionnelles avec la cuisson du pain et des tourtes, comme cela se pratiquait autrefois. Les travaux ont été confiés à des artisans spécialisés dans le domaine de la restauration de bâtiments anciens. Ainsi, le charpentier, Florent Longis de L’Argentière également, a conservé le maximum de poutres afin de sauvegarder le caractère ancien du four. Toutes les pièces ont été travaillées avec un assemblage traditionnel afin qu’aucun boulon ou vis ne soient apparents.
Et le 30 novembre, le four banal et la forge rénovés étaient inaugurés sous un soleil de fin d’automne qui sublimaient les belles couleurs des matériaux, des toits d’ardoise et de bardeau, des pierres et des feuillages dorés, en présence de Jean-François Albrand, Michel Frison, du Conseil municipal, de la Sénatrice des Hautes-Alpes, Patricia Morhet-Richaud, du Délégué départemental de la Fondation du patrimoine, Bernard Sarlin, du vice-président du conseil départemental Jean Conreaux, et du président de la Communauté de communes des Écrins, Cyrille Drujon d’Astros.
Pour Michel Frison, maire de La Roche-de-Rame, « c’est une grande satisfaction d’avoir sauvé ces deux bâtiments de la ruine, et de voir que le milieu associatif, très vivant à La Roche-de-Rame, va les faire revivre. »
« C’est la 1ere inauguration pour la Mission Bern dans les Hautes-Alpes », se félicite Bernard Sarlin, délégué départemental pour la Fondation du Patrimoine. « Ce patrimoine fera l’objet d’animations au four et à la forge, ce qui est tout à fait dans l’esprit de la Fondation du Patrimoine : restaurer et donner vie à ces bâtiments, en créant du lien social. Ce projet fait partie des 280 dossiers retenus sur les 2000 de la Mission Bern. »
Ce beau projet de réhabilitation du patrimoine a été soutenu par plusieurs partenaires publics et privés pour un montant de 60 000 €. Ils ont démontré l’intérêt des habitants, des touristes et des pouvoirs locaux, régionaux et européens pour ce patrimoine montagnard. Ils se répartissent de la façon suivante : Fondation du patrimoine : 3000 € ; Mission Stéphane Bern : 8000 € ; Collecte Fondation du patrimoine : 4659 € ; Région Provence-Alpes-Côte d’Azur - Patrimoine rural non protégé : 17606 € ; Programme européen FEADER : 27665,76 €
Ce partenariat entre la municipalité et l’Association Patrimoine de La Roche-de-Rame, se concrétisera pour l’avenir de la forge et du four, qui consistera essentiellement en des animations publiques autour de la cuisson du pain et du travail de la forge, avec des forgerons et des maréchaux-ferrant, à l’intention des villageois et des touristes, afin que ces savoir-faire de nos anciens continuent à être vivants et perpétrés…
Inauguration de la forge et du four de La Fare
30 novembre 2019
Texte de Sylvie Damagnez
Mestié vau barounié
(Métier vaut baronnie, in Calendau (Calendal) de Frédéric Mistral, 1887)
Il y avait le marteau sur l'enclume, métallique, rythmé. Il y avait les enfants qui jouaient sur le pré et les hommes qui discutaient assis sur le banc pendant que le forgeron épointait un « piochon » ou que le maréchal ferrait le cheval. En 1912, un ferrage de quatre pieds coûte 48 sous. Ils attendent parfois longtemps… mais qu’importe ils ont tellement de choses à se raconter !
Et il y avait les femmes au lavoir tout proche... Chantaient-elles ? Ou bien se lamentaient-elles sur l’eau qui gelait les mains…
À l’égal du meunier, ce mécanicien médiéval qu’est le forgeron, fait partie de la petite élite paysanne. Comme le moulin et la taverne, la forge est un lieu où l’on se retrouve.
Et au commencement, il y a ce texte trouvé dans le journal du Père Pascallon, écrit en 1848 : « Le sieur Jean Baptiste DUC du moulin de la Fare vient aussi de faire construire une forge où il fait fabriquer des clous de toutes les dimensions. C’est au moyen de l’eau qu’il fait aller le soufflet de la forge. » Derrière la porte qui s'est à jamais refermée un jour sur un royaume, celui des Touba-Caïn, Odin, Héphaïstos, Vulcain, les Dieux de la forge et du feu, la ruine vivait ses derniers instants avec tous les souvenirs à l'intérieur, les Jean-Baptiste Bouvet, maréchal-ferrant, Mathieu Falque, maréchal-ferrant, Jean-Louis Eme, forgeron, Hippolyte Cornand, forgeron, Mathieu Kalis, cloutier, Éloi Eme, forgeron et d'autres qui se sont succédé de 1824 au milieu du XXe siècle… En 1856, le torrent de Bouchouse sort de son lit et envahit la forge de limon et de sable. Au cours du déblaiement effectué avant les récents travaux, les membres de l’association ont retrouvé des restes de ce qui avait été probablement un martinet. La forge transforme alors son activité en fabriquant des clous et du petit matériel agricole, socs de charrues, pioches, lames d’araire.
La forge de La Fare arrête son activité en 1940. « Un jour, Madame Sarde, la propriétaire de la forge, vient chez moi pour m’annoncer qu’elle nous donnait le soufflet qui avait été sauvé de l’inondation ! Maurice et moi, on n’a pas réfléchi, on a tout laissé pour aller le chercher ! » Raconte Colette Duc. Et l’association Patrimoine a financé la restauration du soufflet dont le cuir a été remplacé entièrement par Philippe Samson.
Il y a quelques années la municipalité achète ce bien avec la volonté de réhabiliter les bâtiments témoins de l’histoire rurale du village, tels qu’ils existaient au XIXe siècle. Le dossier sera confié au conseiller municipal Jean-François Albrand qui va occuper son mandat à mener à bien sa mission avec passion, notamment dans la recherche de financements. Jean-François devient « maître d’œuvre » du projet en quelque sorte.
Les deux bâtiments, four banal et forge, ont été restaurés à l’identique, avec une charpente totalement refaite, une couverture en ardoises traditionnelles, ainsi que l’âtre et la cheminée nécessaires au forgeron. L’intérieur est agrémenté d’outils anciens. Les bois de charpente et les maçonneries détériorées ont été triés et évacués du chantier. Les travaux ont été réalisés « à l’ancienne », les linteaux sont en vieux bois, les enduits intérieurs et extérieurs laissent apparaître les pierres, la cheminée et la hotte sont restaurées dans le respect de ce petit patrimoine qu’est la forge. La voûte du four, la hotte et la souche de la cheminée ont nécessité une restauration partielle. Ces travaux sont l’œuvre de Nicolas Sol, Artisan murailler de L’Argentière-La Bessée.
Le village dispose ainsi d’un nouveau four à pain, qui contribuera à agrémenter les fêtes traditionnelles avec la cuisson du pain et des tourtes, comme cela se pratiquait autrefois. Les travaux ont été confiés à des artisans spécialisés dans le domaine de la restauration de bâtiments anciens. Ainsi, le charpentier, Florent Longis de L’Argentière également, a conservé le maximum de poutres afin de sauvegarder le caractère ancien du four. Toutes les pièces ont été travaillées avec un assemblage traditionnel afin qu’aucun boulon ou vis ne soient apparents.
Et le 30 novembre, le four banal et la forge rénovés étaient inaugurés sous un soleil de fin d’automne qui sublimaient les belles couleurs des matériaux, des toits d’ardoise et de bardeau, des pierres et des feuillages dorés, en présence de Jean-François Albrand, Michel Frison, du Conseil municipal, de la Sénatrice des Hautes-Alpes, Patricia Morhet-Richaud, du Délégué départemental de la Fondation du patrimoine, Bernard Sarlin, du vice-président du conseil départemental Jean Conreaux, et du président de la Communauté de communes des Écrins, Cyrille Drujon d’Astros.
Pour Michel Frison, maire de La Roche-de-Rame, « c’est une grande satisfaction d’avoir sauvé ces deux bâtiments de la ruine, et de voir que le milieu associatif, très vivant à La Roche-de-Rame, va les faire revivre. »
« C’est la 1ere inauguration pour la Mission Bern dans les Hautes-Alpes », se félicite Bernard Sarlin, délégué départemental pour la Fondation du Patrimoine. « Ce patrimoine fera l’objet d’animations au four et à la forge, ce qui est tout à fait dans l’esprit de la Fondation du Patrimoine : restaurer et donner vie à ces bâtiments, en créant du lien social. Ce projet fait partie des 280 dossiers retenus sur les 2000 de la Mission Bern. »
Ce beau projet de réhabilitation du patrimoine a été soutenu par plusieurs partenaires publics et privés pour un montant de 60 000 €. Ils ont démontré l’intérêt des habitants, des touristes et des pouvoirs locaux, régionaux et européens pour ce patrimoine montagnard. Ils se répartissent de la façon suivante : Fondation du patrimoine : 3000 € ; Mission Stéphane Bern : 8000 € ; Collecte Fondation du patrimoine : 4659 € ; Région Provence-Alpes-Côte d’Azur - Patrimoine rural non protégé : 17606 € ; Programme européen FEADER : 27665,76 €
Ce partenariat entre la municipalité et l’Association Patrimoine de La Roche-de-Rame, se concrétisera pour l’avenir de la forge et du four, qui consistera essentiellement en des animations publiques autour de la cuisson du pain et du travail de la forge, avec des forgerons et des maréchaux-ferrant, à l’intention des villageois et des touristes, afin que ces savoir-faire de nos anciens continuent à être vivants et perpétrés…
La forge en 2012 et en 2019
"Le banc sur lequel on attendait la pièce"
Parole d'ancien recueillie par le petit-fils
Les villageois étaient au rendez-vous
ce 30 novembre 2019
Le discours du maire Michel Frison
Le four rénové,
toit neuf et grande cheminée