Le papillon Proserpine : Zerinthia rumina, L.
Claude Casenave
Ce beau papillon peut s'observer dans les pelouses sèches des Hautes-Alpes. D'une envergure d'environ 5 cm, les ailes sont marquées de carreaux blanc jaunâtre, séparés par des joints noirs. La bordure postérieure des ailes est soulignée par une guirlande d'arcatures noires. Et des taches rouges, présentes sur les ailes postérieures et antérieures, achèvent une splendide livrée.
La répartition de ce papillon, en France, est limitée au pourtour méditerranéen :
On l'observe aussi en Espagne, en Italie et en Afrique du nord. A noter son absence en Corse.
La Proserpine est inféodée à une plante très particulière, l'Aristoloche pistoloche. C'est une petite plante herbacée, de 10 à 40 cm de haut, poussant en petites touffes dans les zones ensoleillées et séches, plutôt sur sol calcaire. Les fleurs, brun foncé, ont la forme d'un tube renflé à la base et prolongé en haut par une languette qui recouvre plus ou moins l'ouverture. Les feuilles, d'un vert glauque, sont en forme de coeur, dentées et sans pétiole.
Les œufs sont pondus sur cette plante et la chenille s'en nourrit. Cette chenille est brun jaune et ornée sur toute sa longueur de quatre rangées de cornes jaune orangé porteuses de poils.
Ces chenilles portent à l'arrière de la tête un organe bifide évaginable, appelé osmeterium, qui dégage une forte odeur lorsque la chenille est attaquée.
Le papillon Proserpine, ses œufs et sa chenille ont le statut d'espèce protégée.
Ce papillon ne doit pas être confondu avec sa cousine, le papillon Diane : Zerinthia polyxena, qui lui ressemble beaucoup, mais s 'en distingue par l'absence de tache rouge sur les ailes antérieures. La Diane est également inféodée à des aristoloches, mais d'espèces poussant plutôt dans des milieux humides : Aristoloche clématite, Aristoloche à feuilles rondes, Aristoloche à nervures peu nombreuses. Elle peut cependant exploiter aussi l'Aristoloche pistoloche.
Enfin il existe un autre papillon appelé Proserpine, c'est le Sphynx de l'épilobe : Proserpinus proserpina, plus petit, dont la livrée est bien différente, et qui s'observe souvent en vol stationnaire, ce dont Zerinthia rumina est incapable. Cette espèce se nourrit des épilobes et des onagres.