Voir le texte complet et des photos anciennes dans le "Ristouras" N° 5 à télécharger sur la page publications

Les deux militaires perdus dans la montagne
par Philippe Perrin



Cela se passait il y a un peu plus d'un siècle !
Le 20 octobre 1912 deux officiers disparaissaient en montagne à La Roche-de-Rame.


Il s’agit des lieutenants Rozat de Mandrès du 4ème Génie et Burgay du11ème d’Artillerie à pied en garnison à Briançon. Le 21 octobre ces officiers n’étant pas revenus, on pressentit un malheur. Le soir même malgré le mauvais temps, cinq reconnaissances du 159ème Régiment d’Infanterie Alpine partirent de Briançon coucher aux Ayes pour fouiller la montagne dès le petit jour.
Les recherches durèrent pendant un mois sur plus de quarante itinéraires mais restèrent sans résultat.
On croyait les deux officiers perdus en haute montagne et ensevelis sous les premières neiges.
Mais un hasard heureux devait le jeudi 12 décembre faire découvrir les corps là où on ne les cherchait pas, à portée de fusil de chasse du hameau de Géro.


Ce jour là, la jeune Anaïs Albrand surveillait ses brebis dans un éboulis à 300 mètres au nord de Géro, près d'une petite carrière abandonnée au pied d’une barre rocheuse.
C’est à cet endroit qu’elle découvrit le corps d’un homme. Elle donna l’alarme et les paysans du
hameau reconnurent à son signalement que c’était bien le corps d’un des officiers recherchés. Ils pensèrent que son camarade ne devait pas être loin et remontant dans les rochers, ils trouvèrent, sur une corniche, un deuxième corps. Prévenu, M. Justin François Fourrat, maire de La Roche-de-Rame,
fit informer immédiatement les autorités civiles et le gouverneur militaire de Briançon.
Le lendemain au train du matin, arrivèrent à La Roche-de-Rame, le colonel Sassier, commandant le 11ème d’Artillerie, le capitaine Rebuffet, commandant la compagnie du Génie et le lieutenant Bollot, accompagnés de sapeurs et d’artilleurs.
Les constatations légales achevées, lescorps furent descendus à la chapelle St Roch de Géro transformée en chapelle ardente.
Dans l’après-midi, M. le Sous- Préfet de Briançon, le général gouverneur, son chef d’état-major et de
nombreux officiers du 159ème et du 11ème d’Artillerie sont venus saluer les dépouilles mortelles de leurs camarades. Les corps furent ramenés samedi à Briançon et mis en bière en présence des
familles arrivées sur place la veille au soir ou le matin même.
Les funérailles ont eu lieu le lundi suivant. La levée des corps se déroule à l’hôpital militaire. Puis, un long cortège s’ébranle par la porte d’Embrun en direction de la gare de Briançon. Sur place, une dernière fois les honneurs militaires sont rendus et de vibrants discours sont prononcés par le colonel Véronique directeur du Génie, le colonel Sassier commandant le 11ème d’Artillerie, le général Parreau gouverneur et par M. Escalle maire de Briançon. Ce dernier fait une éloge de ceux qui jusqu’à la mort vont dans la montagne chercher une école d’énergie, d’endurance, d’initiative qu’ils mettent ensuite au profit du pays. Burgay et de Mandrès sont tombés en restant fidèles à cette fière devise du C.A.F. «Pour la Patrie par la Montagne ».
A midi 15, le train a emporté dans leur pays natal, Burgay à Pau et de Mandrès à Versailles, les deux
victimes de cet accident.


Le 6 novembre 1913, un monument fut inauguré au nord du hameau de Géro à La Roche-de- Rame, là où furent découverts les corps des deux officiers par la jeune Anaïs Albrand.